mardi 15 juin 2010

"Retraites : un fardeau vraiment insurmontable ?"

La question de la compétitivité française est avancée par les "réformistes" pour convaincre de l'urgence d'une réforme financée par les francais.

D'autres en doutent : ci dessous une pièce au dossier ?

Reste à savoir si d'autres solutions ne sont pas à trouver ailleurs :

- dans un rapport à l'autre qui romp l'individualisme vis à vis des personnes agées ? toutes les richesses sont-elles forcément monétisables ? comment créer de la richesse à budget constant ? la mutualisation ? le lien social etc... ?
- avec comme pré-requis des progrès sur le taux d'emploi des +55 ans et du tutorat ?



Le Monde par Maxime Haubert, Sociologue, professeur d'université

13.06.10

Dans le débat sur les retraites, le problème est habituellement présenté de façon telle qu’il paraît se résoudre en un conflit entre les générations d’actifs cotisants et les générations de retraités pour le partage d’un montant donné de Revenu national : avec le vieillissement de la population, la diminution du rapport entre cotisants et retraités approfondirait le déficit du système de retraite et il ne tarderait pas à devenir abyssal. Selon la façon dont il sera pris en charge, on aboutirait donc nécessairement à un appauvrissement soit des cotisants, soit des retraités, soit de ces deux groupes à la fois.









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Réforme des retraites Les retraites, un fardeau vraiment insupportable?





Reportons-nous toutefois au dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (C.O.R.). Selon les hypothèses retenues, si pour équilibrer les comptes on ne touchait ni au rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen d’activité, ni à l’âge effectif moyen de départ à la retraite, alors le seul moyen serait d’accroître le niveau des ressources, c’est-à-dire le taux de prélèvement sur les rémunérations. La part des prélèvements pour la retraite dans le Produit intérieur brut passerait ainsi de 12,8 % en 2008 à environ 15 % dans quarante ans. En serions-nous pour autant irrémédiablement appauvris ? Mais non ! Nous serons en fait beaucoup plus riches, puisque dans le même temps le P.I.B. aura été au moins multiplié par deux : avec un revenu doublé, une augmentation de 2,2 points du taux de prélèvement est-elle vraiment si effroyable et insupportable ?



Mais présentons les choses d’une autre façon, qui sera peut-être un peu plus parlante : quelles seraient les conditions pour qu’en 2050, malgré les évolutions démographiques, ni les actifs cotisants ni les retraités ne soient appauvris, c’est-à-dire disposent alors du même revenu moyen réel (en € 2008) qu’actuellement ? Un calcul très simple à partir des chiffres du C.O.R. montre que pour cela il suffirait que la productivité moyenne du travail augmente de 0,34 % en rythme annuel. Or, de 1980 à 2007, elle a augmenté en moyenne de 2,3 % par an (même si ce taux a connu depuis 2002 une chute assez importante) ; et, dans son scénario le plus pessimiste, le C.O.R. table à l’horizon 2050 sur un taux d’accroissement de 1,5 %, c'est-à-dire tout de même plus de quatre fois supérieur à celui qui serait nécessaire pour maintenir le niveau de vie à la fois des cotisants et des retraités dont ils « financent les pensions » (une formulation qui occulte le fait qu’ils ne le font qu’à partir du capital matériel et immatériel accumulé par les générations antérieures)…



Le discours alarmiste fait donc plus ou moins sciemment l’impasse sur les ressources considérables que vont procurer dans les prochaines décennies les accroissements de productivité. Et la vraie question n’est pas démographique, ni économique, ni financière, mais éminemment politique : comment allons-nous décider collectivement d’utiliser ces ressources ? Pour multiplier nos dépenses en jeux vidéo, en systèmes GPS pour trouver « la porte au fond du couloir à gauche », en bagnoles et autoroutes, en pétrole et marées noires, en armes de plus en plus sophistiquées, etc. (en caricaturant un peu)? Ou bien pour développer les dépenses à caractère « social » (santé, éducation, culture, etc.) ? Nous savons tous que notre niveau de vie actuel tient en grande partie au fait que la part de ces dépenses dans le revenu s’est constamment accrue à mesure que celui-ci augmentait. Pourquoi le financement du système de retraite devrait-il faire exception ?

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